Le Père Aimé Duval
Deux témoignages de son copain de classe Charles André:
Le Père Aimé Duval comme nous l'avons connu
Au moment où il va donner à Plombières son unique récital dans les Vosges, il est bon de faire connaître le Père Duval à nos lecteurs, tel qu’il était enfant, à Plombières.
Le Père Duval est Val-d'Ajolais teinté de Plombinois. Il est né au Hariol, pays charmant, mais dur à 10 kilomètres du Val d'Ajol, 9 kilomètres de Remiremont, 7 kilomètres de Plombières. C’est là que vivait Edmond Duval (le sixième des dix enfants " Papille " aujourd’hui décédé. Il prit pour femme Augustine Simonin, pour exploiter sa ferme des " Français ", près de chez les "Perry" En Juin 1918, naissait de leur union un cinquième enfant Aimé.
C’est un bon gosse, comme tous les gosses, qui crie et chante. On chantait beaucoup dans sa famille.
C’est à l’école du Hariol qu’il apprend à lire et compter. A 8 ans, on lui dit : " Aimé tu iras a l'école des Frères, c’est-à-dire à Plombières, 4 kilomètres matin et soir, qu'il fera en sabots, par le beau temps, la pluie et la neige. Catéchisme sous l’influence de M. le curé Bernard et de M. l’abbé Jean Couval, école notamment sous la houlette du " Père Félix " et de M.Husser.
Le chant est très poussé à l'école. Ce sont les fameuses classes du mercredi et du samedi. Beaucoup s'en souviennent ! Au certificat, Aimé fait partie d’une équipe de chanteurs qui s’est fait remarquer en cette matière.
En 1930, un Père Jésuite en cure à Plombières, se promène dans la campagne du Hariol. Fatigué il s’arrête Passe un jeune homme. Aimé Duval. On parle, on va à La chapelle du Hariol. Puis chez les parents et c’est décidé Aimé part à Florennes chez les Jésuites. Il est tête de classe.
En 1939 c’est la guerre. Le jeune notice part pour la Syrie. Il est démobilisé en 1941. Prêtre à Enghien en 1949. On l’envoie Comme prêtre-ouvrier. IL s’y donne à fond, mais la santé ne suit pas et c’est la clinique avec ce qu'elle a de languissant, de pénible " Les Longues, longues nuits ". La clinique l’a mûri chansonnier ".
Guitare sous le bras le " jésuite-chansonnier " est allé bon train. On sait la suite.
Et c’est Aimé Duval, le Père Duval que nous accueillerons dimanche soir à Plombières. Vedette i1 ne l'est pas ! Il s’en défend ; il reste le prêtre chantant par apostolat, avec cette simplicité et cette franchise aimable que nous lui avons toujours connues.
Charles ANDRÉ - 1959 - La Liberté de l'Est
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Lettre ouverte au Père Duval
(Charles ANDRÉ - 1959)
" N’est-ce pas, mon cher ami, qu’il faut rester dans le cadre, dans l’atmosphère que tu as donnée à ton récital ! Autant donc tout de suite employer le caractère familial qui a immédiatement emballé les 1800 spectateurs du garage des Thermes, dimanche 16 août.
Ils savaient tous — tu leur a répété — que tu étais un fils " Papille " du Hariol, que ton père menait un chariot prés de chez Grison, que tu as fait 15 jours d'école buissonnière, que tu " lugeais ", que tu aimais la neige, que tu parles patois, que tu es resté simple.
Et là, cependant, par-dessus le ton si familier, ils savaient aussi que l’homme, le prêtre, qui " blaguait " ainsi, heureux de se retrouver entouré des siens, des " pays " était mondialement connu. Des gens de Karlsruhe, de Barcelone, du Paris Vel’ d'Hiv’, de Compiègne, venaient ici, applaudir ce1ui qui chanta sa foi au Canada, en Angleterre, en Hollande, Belgique, Italie, etc... et dernièrement Berlin, devant 30.000 spectateurs, et qui a, en ce moment, dix mille demandes de concert.
Ils savaient que tu ne voulais pas accepter ce titre de " vedette ", mais que ton but est d’enseigner, d’emballer les foules, les jeunes, qui chantent tes chansons.
Des chansons, tu en as 22, dont 12 éditées. Tu les présentes bien, on l’a vu. Tu les enveloppes d’une philosophie pratique, bouleversante, stupéfiante. Beaucoup n’ont jamais entendu présenter la religion si simplement, interpréter ainsi des textes sacrés. Il y en a pour tous les goûts, pour le père et la mère qui en ont... " marre ", pour celui qui se révolte d’avoir perdu son petit, pour le malade qui trouve la nuit longue... " Rue des Longues-Haies ", " Le long des longues plaines ", " Le Seiqneur reviendra " et combien d’autres... Titres et chansons bourdonnent dans les têtes à Plombières, au son de la guitare que tu manies si bien.
Et puis, vois-tu, ce qui m'a le plus frappé, c’est le grand silence. L'emprise, quand tu chuchotais au micro (parfaite, la sonorisation, M. Jacquel) : " C’est vrai ce que je vous dis là... c’est vrai... "
Devant toi était ta mère, ta famille, le général Martin, maire de Plombières. M. le Dr Gury, conseiller général. M. Brultey adjoint au maire du Val-d’Ajol. M. Robert Paroli, maire des Granges. Dans la rue fraîche, un impeccable service d’ordre assuré par la gendarmerie sous Les ordres du chef Hobart. De nombreuses bonnes volontés, des hommes, des femmes, des filles dont tu sais les noms (même les sobriquets) ont travaillé pour te recevoir. Ils ont été heureux, tous sont tes amis.
Mon vieux copain, le bien que tu fais est grand ! Il a marqué Plombières.
Je ne veux pas, ayant le privilège de faire ce compte-rendu de ta visite " de reconnaissance ", te complimenter de grands mots dont tu n’as que faire. Simplement, fraternellement. je te dis : " Mon cher Aimé, ce fut parfait et je t'adresse le merci de Plombières, de ton école et de tes amis".
Ce n’est qu’un au revoir ! "
C.A.
Charles André, copain d'école d'Aimé, a passé le certificat d'étude avec Aimé....